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correspondance des Goll
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6 décembre 2008

Correspondance Claire Goll jusqu'à son décès

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Claire Goll à Paul Celan, 1er mars 1950

Mon cher Paul,

Le marchand de morts m'a dit que la loi exige la présence d'un parent au moment de la mise en bière.

Tu comprends que je préfère souffrir, que de laisser Yvan souillé du regard d'un de ses cousins.

Je te verrai donc ce soir vers 8h.

Merci pour tout et affectueusement

 Ta Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 155

 

Paul Celan à Claire 10 mars 1950

Chère Claire,

 Irmgard [ Burckhardt, femme peintre], que je voyais hier, m'a donné cette petite lettre ci-jointe, avec mission de te la faire parvenir. La voici donc.

J'ai envoyé tes photos à Bâle, le jour de ton départ mais j'ai oublié d'indiquer ton adresse de Metz, ce qui fait que tu ne seras avertie de la confirmation que lors de ton retour.

Traduire la suite

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 155/156

 

Claire Goll, Pfingsten à Paul Celan, Paris 28 mai 1950

Cher Paul,

Pfingsten, la belle fête était arrivée, seulement pas de Paul. Te revoir maintenant est aussi dur qu'une course d'obstacles. Je t'ai attendu encore samedi soir. Sans doute un nouveau malentendu. Est-ce que ce n'était pas cela qui était décidé ? Même si, pleine d'espoir, j'avais dit à Klaus qui partait à la dernière minute : « j'attends aussi Paul, s'il ne se décommande pas.»

J'espère que tu reçois ces lignes ? Toutes tes lettres ne sont pourtant pas détournées par la concierge, j'espère.

 Toujours en amitié

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 157

 

Claire a dédicacé à Paul Celan :

 

Jean sans Terre, Choix de poèmes.

Pierre Seghers, Paris (20 juin)1950 Collection Cahiers bimensuels n°44 - 18 cm., 45p.

 

 Au poète Paul,

 la voix d'un autre poète et ami

 Claire

 

lettre de Claire Goll, à Paul Celan, Paris 26 juillet 1950

Mon cher Paul,

Je t'ai étourdiment donné un rendez-vous pour samedi. Je ne suis malheureusement pas libre et je déplore vivement de ne plus pouvoir te voir avant mon voyage à Metz. Tu serais très aimable si tu pouvais m'envoyer par la Poste les 2 poèmes ou les donner à la réception, [Palais d'Orsay] ainsi que le premier vers de chaque poème que je t'ai donné pour une traduction éventuelle, afin qu'il n'y ait pas d'erreur, puisque je dois bientôt donner le manuscrit, et je vais aussi le donner à Alain Bosquet afin qu'il en traduise quelques uns ou qu'il prête son concours.

Et à propos de "Elégie d'Ihpétonga", quel est ton choix ? Yvan était tellement confiant en ton assistance passionnée et il y a maintenant 4 mois que tout est en arrêt ou au ralenti. Je ne peux pas laisser son œuvre sans que quelqu'un s'en occupe en Allemagne. Je n'ai pas le droit d'en retarder la parution, il y tenait tant.

 Avec mon amitié toujours présente

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 158

 

 

lettre de Claire Goll Metz, à Paul Celan, Paris 8 août 1950

Mon cher Paul,

Voilà Metz dans toute sa beauté et nudité pittoresques. La Grandeur romantique et la misère et la saleté se frottent. De la chambre où je dîne chaque soir chez des amis-ouvriers dans un immeuble romantique et délabré, je vois dans la maison abandonnée où Rabelais vivait et concevait Gargantua. Et toi ? Travailles-tu à ton Gargantua en vers ? Tu n'as pas déposé les traductions, pourquoi ? Pas finies ? je rentre demain.

 Amitiés

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 159

 

 

lettre de Claire Goll Barnes, à Paul Celan, Paris 30 août 1950

Mon cher Paul,

Je suis ici chez des amis, depuis une huitaine. Londres est une ville grandiose, gigantesque et ses habitants d'une hospitalité incomparable. Je pense rentrer la semaine prochaine et espère te revoir bientôt. Peut-être as-tu pu travailler un peu pendant les vacances. J'ai reçu une carte d'Italie de Klaus il y a déjà quelques semaines

 

Pensées affectueuses du pays de Shelley, Blake, Keats et du grand Will.

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 160

 

Le 22 octobre 1950, Claire déclare son intention de rédiger un article sur Albert Gleizes. Une photo montre Claire avec Gleizes au Musée national d’art moderne de Paris

(1952, VIII A 24

 

lettre de Claire Goll Paris, à Paul Celan, Dimanche 26 novembre 1950

 Paris, dimanche 26 novembre

Mon cher Paul,

 Je sais par Gertrude Rosenberg que tu as perdu ton stylo. Quel cadeau de Noël, pourrai-je te faire plus utile qu'un Waterman et en plus celui du Waterman d'Yvan que je lui avais offert au Canada car il avait laissé le sien à New York ? Avec celui-là, il a écrit le Mythe de La Roche Percée. Peut-être, sera-t-il pour toi aussi, mon petit Paul, instrument d'inspiration. Je te souhaite ceci et plein d'autres choses, un peu trop tôt par rapport à Noël, mais j'attends un coup de fil de Vence, de la femme de Chagall qui doit fixer mon départ. Il a eu à nouveau une crise de la prostate et donc, il doit peut-être subir une opération. Sinon, je pars dans les jours prochains.

Peut-être passes-tu encore - après un coup de fil au préalable ?

  en amitié

 Ta

  Claire G.

 

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 161

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, Dimanche 6 décembre 1950

Cher Paul,

Le papier sur lequel je t'écris a été fabriqué dans les mines de Mairans, fondées en 1480. C'est donc un papier de qualité. C'est donc un papier qui doit porter bonheur. Ainsi, j'espère que les adresses ci-dessous te porteront chance :

 Werner von Alversleben

 15 Parliament Hill, N.W. 3

 (Hampstead 09-67)

 

 Peter de Mendelssohn

 20 Wimbledon Close, S.W. 20

 (Wimbledon 31.00)

 

 Louis Golding (illustre romancier

 et homosexuel)

 Hamilton Terrace, N. W.8

 (Cummingham 69.94)

Beaucoup de chance et de succès personnel ! Et bonnes fêtes !

 Affectueusement

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 161/162

 

 1951

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, 17.1. 1951

Mon cher Paul

Je suis obligé d'annuler l'invitation pour vendredi, j'ai la grippe.

Veux-tu m'accompagner mercredi 24, pour l'hommage à Yvan. Je te choisis toi parce que tu as été très proche de lui. Pourrais-tu être "au plus tard" vers 19h30 chez moi, pour que nous puissions manger avant d'y aller ? Mais je dois te demander de me répondre "immédiatement" car, sinon, je demanderai à quelqu'un d'autre.

 Affectueusement,

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 163

 

carte de Claire Goll à Paul Celan, [printemps 1951]

Mon cher Paul

Je passe ici de belles journées

 

Jusqu'à jeudi, mon adresse est chez Albert Gleizes, St Remy de Provence (Bouches du Rhône)

 Affectueusement

 Claire

 

à traduire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 163

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, [mai 1951]

 vendredi soir

Cher Paul

J'oubliais de te donner la carte ci-jointe. L'exposition est très intéressante surtout les tableaux de Picasso "Massacre en Corée".

Visite aussi "Le Mur de la Poésie", tu y trouveras 84 poésies dont une de moi.

Plein de bonnes choses pour toi

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 164

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, 7 juin 1951

 

Cher Paulot,

Excuse ma nervosité aujourd'hui au téléphone. J'avais un rendez-vous avec mon médecin américain qui m'avait demandé un service (lui aussi une introduction pour un certain collègue), et je répugne à être non ponctuelle an moment où l'on me demande un service.

Alors ta lettre.Kalenter est un homme charmant : aimable, fidèle et un ami à toute épreuve, si tu réussis à t'approcher de lui et si vous êtes sur la même longueur d'onde. C'est aussi un homme d'une grande précision, toujours vibrant, merveilleusement doté de tous les dons de l'existence, et toujours prêt à rendre service comme les Hongrois. Je l'aime particulièrement.

Plein de bonnes choses pour toi

 cordialement

 Claire 

Adresse d'Ossip Kalender: Poste Restante 242

Zurich 33

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 164/165

 

(25) lettre de Claire Goll à Paul Celan, 14 juin 1951

 Stuttgart, 14 juin 1951 

Mon cher Paulot,

Oui, je craignais ce qui est arrivé ; l'Allemagne m'a séduite à nouveau. Quel accueil ! Ça a commencé avec un grand bouquet de fleurs à la gare et plein de gestes amicaux, des invitations, et les gens sont toujours de plus en plus gentils pour moi. "Phèdre" a été un succès : 20 rappels ! à guichets fermés. Le lendemain, ¾ d'heure de lecture à la Radio, avec une merveilleuse introduction du directeur du département littéraire, le Dr. Karl Schwedhelm,

qui, hier, avant ma conférence au Centre d'Etudes franco-allemand, a également fait un texte de beaucoup de pages sur nous, (surtout sur Yvan), qui va paraître bientôt et dans lequel il le comparait même - avec Goethe.

Je t'écris avec intention tant de choses sur Schwedhelm, qui est un homme charmant, et un connaisseur de la poésie, parce que je t'ai recommandé à lui, toi et ton avenir, et je pense que ton avenir est assuré, par ceci en particulier : il était enthousiasmé par la lecture de ta traduction du "Chien rouge de ma mort". Il te demande d'envoyer un choix de poèmes, éventuellement aussi de la prose et de lui envoyer un curriculum-vitae pour qu'il puisse te présenter à ses auditeurs de la Radio. Une telle lecture sera ensuite reprise à la Radio de Hambourg et de Franckfort.

En outre, j'ai parlé de toi avec le fils de Rowolt qui est venu me voir, lui aussi aimerait voir tes poèmes. Nous en parlerons dès mon retour. Parfois, ça prend un peu de temps mais, tu vois, je n'oublie ni le grand poète, ni l'ami d'Yvan. Je t'écris dans le train qui m'amène à Mayence, c'est pourquoi, pardonne cette écriture.

Samedi, je pars à Munich. Etais-tu en Suisse ? Couronné de succès ?

Salue bien cordialement les Rosenberg de ma part.

 Ta toujours très dévouée

 Claire G.

c/o Radio-Stuttgart

Neckarstrasse 145 Stuttgart

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 165/166

 

(26) carte de Claire Goll Metz, à Paul Celan, chez le Dr Adler, 14, Villa Chaptal, Levallois-Perret 16 août 1951

Cher petit Paul,

Un chaud salut du glacial Metz de Verlaine et d'Yvan Goll, Comment ça va pour toi et Ihpétonga ? Je serai de retour seulement la semaine prochaine. C'est triste pour moi d'être à Metz dans la ville du joyeux Rabelais. J'espère que pour toi que tu es gai et entouré de jeunesse.

 Amicalement

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 167

 

(27) carte de Claire Goll, Knokke-le-Zoute, à Paul Celan, septembre 1951

Mon cher Paul,

Un salut cordial de ce Congrès très intéressant, où plus de 200 poètes sont venus de tous les pays

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 168

 

(28) Claire Goll Paris, à Paul Celan, octobre 1951

Jeudi [ sur papier à en-tête du Palais d'Orsay ]

Cher petit Paul,

Voici les titres des poèmes que tu as déjà traduits des Géorgiques parisiennes :

1) A la Tour Eiffel (Flûte d'airain)

2) Paris (Je te chanterai dans les jardins de zinc)

3) Dans les stations lépreuses des roses [ Dans les léproseries des roseraies]

4)Séducteurs de la Place de Grève

Et maintenant, j'espère bien te lire et t'entendre très bientôt

  affectueusement

 Ta Claire

As-tu écrit à Schwedhelm ?

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 168

 

(29) Claire Goll Paris, à Paul Celan, [octobre/novembre 1951]

 Samedi

Cher petit Paul,

Je t'envoie aussi vite que possible "L'inconnue de la Seine". Tu me disais pourtant depuis des semaines que cela était presque terminé.

Peux-tu me l'apporter mardi ?

 en hâte

  Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 169

 

(30) Claire Goll Paris, à Paul Celan, lundi [ 5 novembre 1951, cachet de la Poste]

 lundi

Mon cher Paul,

Je m'excuse mais je ne peux pas dimanche à 4 h. Veux-tu le soir, après-dîner ?

Un mot s.t.p. par retour du courrier.

 

 amicalement

  Claire

Réponds de suite pour que je puisse disposer de ma soirée, en cas d'empêchement de ta part.

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 169/170

 

(31) Claire Goll Paris, à Paul Celan, mardi [ fin novembre/ début décembre 1951]

 mardi

Cher Paul,

Ci-joint les 3 poèmes et "Réverbères". Comme tu m'as dit que tu soupèses longtemps les mots, si tu t'attelles donc à la traduction des "Géorgiques" pendant quelques heures de chaque semaine de décembre et certainement pas en hâte dans la dernière semaine, ce serait pourtant bien si tu m'en donnais déjà quelques unes autour du 15 Décembre afin que nous voyions ensemble le ton et la résonance.

 Merci pour ton dévouement à Yvan. affectueusement

  Claire

à mon retour de Bruxelles

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 170

 

 

Claire part à Bruxelles le 13. 12.51

 

 

(32) Claire Goll Paris, à Paul Celan, mardi [décembre 1951]

 mardi soir

Mon cher Paul,

Comme tu es devenu silencieux ! Comment vas-tu et ton nouveau travail ?

J'espère que tu n'as pas oublié notre pacte poétique et que je verrai bientôt la moitié des "Géorgiques". 

Je reste à Paris jusqu'au 22 Décembre

Très amicalement à toi

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 171

 

(36) lettre de Franz Vetter à Paul Celan

 25.12.51

Cher Monsieur Celan

Madame Goll m'a apporté votre traduction des "Chansons Malaises" d'Yvan Goll.

Je les ai lues et je les trouvent très éloignées de l'original. Puisqu'il s'agit d'une traduction, je préfère publier Yvan Goll et non pas une recréation poétique trop éloignée de Paul Celan. Vous avez pris, à mon avis, trop de liberté. Je ne me permettrai pas de minimiser votre talent de poète, mais je désire avoir une traduction fidèle de ces Chansons magnifiques. J'ai toujours souhaité que ce soit Madame Goll elle-même qui traduise ces poèmes et je lui ai donc demandé de le faire. En tant qu'éditeur, je ne peux pas prendre la responsabilité de présenter Yvan Goll à un public allemand dans une traduction qui ne correspond pas à une "affinité sélective" pour ce poète.…

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 178

 

(37) lettre de Paul Celan à Franz Vetter

 30.XII.51

Cher Monsieur Vetter,

J'ai bien reçu votre lettre du 25 courant, dans laquelle vous me faites savoir que ma traduction n'est pas publiable. Je suis surpris de constater que vous avez conservé le manuscrit de ma traduction.. Ceci, n'est pas, comme vous devez le savoir, une pratique courante dans l'édition. Je vous remercie d'avance

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 179

 

 1952

 

(38) lettre de Paul Celan à Franz Vetter 4 janvier 1952

 

Cher Monsieur Vetter

La demande que je vous ai adressée de me renvoyer mon manuscrit est restée sans réponse à ce jour. Je ne peux pas accepter la critique que vous avez émise sur ma traduction, car les accords conclu, l'ont été avec Madame Goll et pas avec vous.

Je dois vous préciser que je m'oppose formellement à toute sorte de publication de ma traduction sans que mon nom soit mentionné, ainsi qu'à la publication d'une autre traduction que la mienne, auquel cas, je me sentirai obligé de poursuivre en justice.

 Veuillez agréer, Monsieur …

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 180

 

 

(33) Paul Celan à Claire Goll Paris le 4 janvier 1952

 

Chère Claire,

 

En même temps que cette partie, je t'envoie ci-joint la copie d'une lettre de Mr. F. Vetter, Pflugverlag, Thal/St.Gallen. Je dois supposer que tu n'as pas connaissance du contenu de cette lettre, car cette lettre n'est pas seulement une offense à mon égard, mais aussi à l'égard d'Yvan, puisque Yvan m'avait choisi comme un de ses exécuteurs testamentaires littéraires. J'ai naturellement réagi à cette lettre et je te donne ici copie de ma réponse à Mr. Verter. Pour éviter des incidents de cette espèce dans le futur, et aussi, parce que nous ne pouvons pas savoir combien de temps de toute façon, dans cet avenir si incertain il nous reste à vivre, il est indispensable que, outre les accords oraux conclus jusqu'ici, concernant les trois traductions d'Yvan dont tu m'as chargé : Les Chansons Malaises, Elégie d'Ihpétonga, et Géorgiques Parisiennes, soient maintenant formalisées par des accords écrits

 Avec les meilleurs souhaits pour la nouvelle année

 Paul

(Traduction Uli Wittman)

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 171/172

 

 

(34) Claire Goll Paris, à Paul Celan, Paris 8.1.52

 

Paul,

Je ne voulais pas t'écrire pour plusieurs raisons.

1) Pour ne pas devoir te dire, que depuis longtemps, je ne reconnais plus le Paul, qui quelques semaines avant la mort d'Yvan venait à nous, timide, dévoué, chaleureux envers nous

2) Pour ne pas devoir te dire, comment, de mon côté, je ressens le ton de ta lettre recommandée comme une offense.

3) Pour ne pas te devoir dire, à quel point m'avaient blessée ton faux-pas au téléphone et ton dernier geste, "Exécuteur testamentaire Littéraire" ! Quelle arrogance ! Crois-tu réellement qu'Yvan aurait mis quelque chose par écrit de mon vivant à moi ! lui qui, jamais ne manquait de tact ! Il s'agissait du futur Fonds "Claire et Yvan Goll" à créer sous ta caution et celle de Bosquet, mais, après ma mort.

 C. G.

Eu égard à ton attitude irrespectueuse d'aujourd'hui, aussi bien vis à vis de mon défunt que de moi-même, je me pose la question s'il n'est pas nécessaire de taper à la machine ton manuscrit pour pouvoir à tout moment confronter les 2 versions complètement différentes, la tienne et la mienne.

(Traduction Uli Wittman)

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 172/173

 

(35) Claire Goll Paris, à Paul Celan, Paris 26.1.52

 

Cher Paul,

La semaine dernière, je logeais encore à Bruxelles chez mon ami Pierre-Louis Flouquet, qui, à propos de ma lecture parlait aussi du bel exposé préparé, j'attendais les corrections du numéro spécial allemand du Journal des Poètes, qui étaient sur sa table, et je lisais chaque fois ta "Fugue de la Mort". Tu sais que j'ai toujours été particulièrement formelle sur ce poème que j'aime plus que tout. Flouquet était de mon avis sur la qualité de cette Fugue et ce sera pour moi toujours aussi évident qu'un poème, qui a pour lui le temps et la patience, n'a rien à faire d'une adaptation traduite, à qui on accorde ordinairement un minimum de temps.

Je t'avais dit que, sûrement jamais, dans le cas des Chansons Malaises, rien de ta liste ne serait utilisé par mon éditeur. C'était une pierre qui ricochait sur moi. Seulement, je la ramasse aujourd'hui à contre-cœur, car qui fait du mal aux autres se fait du mal à lui-même.

Tu écris à mon éditeur que tu t'opposerais à toute traduction non signée ou d'un autre nom que le tien.

Et tu savais pourtant que je suis seule responsable pour toute nouvelle traduction et que je dois signer (et cette responsabilité, c'est vis à vis d'Yvan, cela ne dépend pas de toi ni de moi.)

Et la phrase, dans ta lettre insultante, dans laquelle tu demandes un accord écrit « puisque nous ne pouvons pas savoir combien de temps cet avenir incertain nous laisse à vivre », cette allusion à ma santé chancelante et à mon éventuel décès, (car de ta mort à toi, toi jeune homme, tu n'y comptes pas dans les 20 ans qui viennent), cette phrase, tous mes amis la considèrent comme un faux-pas extraordinaire.

Il m'apparaît toujours manifestement que ta sollicitude attentive, d'abord pour nous deux, ensuite pour moi seule, se transformait de plus en plus en intérêt strictement personnel comme aussi le prouvait ta traduction rapidement faite des Géorgiques. Tu rappelles : je les avais demandées jusqu'au 1er janvier. Tu les expédiais déjà - pour des motifs d'argent - dès le 15 décembre, avec ces propos :« elle est excellente et je n'y changerai rien.»

Comment voulais-tu que je réagisse après une rapide première lecture avec toi, face à une attitude aussi arrogante! Même si je me suis rendue compte tout de suite, que je n'y trouvais pas la nécessaire humilité devant la particularité d'Yvan, j'étais trop faible pour te le reprocher. Il a fallu l'intervention de mon éditeur énergique, pour te dire la vérité, d'abord sur les Chansons Malaises, ensuite sur les Géorgiques.

 

… Je suivais ton exemple (ta visite à M° Rosenberg)

 

…Le manuscrit est à ta disposition. Si tu veux venir mardi soir, je te le remets. Idem pour ma traduction des "Géorgiques" à comparer avec la tienne.…

 

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 173/174/175/176 ***

 

 

Claire avait dédicacé à Paul Celan :

 

Ivan Goll : Traumkraut, Gedichte aus dem Nachlass (64 S.- 20 cm.)

Erste Ausgabe (Vorwort von Claire Goll). Umschlagzeichnung von Marc Chagall

Limes Verlag Wiesbaden 1951

 Für Paul

 den treuen freud

 der das Traumkraut

 blühen und welken sah

 Claire

 

Claire Goll :* Les larmes pétrifiées, avec un dessin d'Antoni Clavé

Collection Cahiers bimensuels n°89 Pierre Seghers, Paris 1951 (29)p.18 cm. 

 

 à Paul

qui - à la période la plus tragique

de ma vie - a si fraternellement

changé mes larmes en sourires

Très affectueusement

 Claire

 

 

 

 1953

 

samedi 16 mai 1953, création de L'Incendie de l'Opéra, de Georg Kaiser :

Traduction de Claire Goll, adaptation théâtrale de Boris Vian

 

  Attaques de Claire Goll sur Paul Celan,

 

(40) Claire Goll : lettre circulaire de la dernière semaine d'août 1953

Il y a quelques jours, je recevais d'un jeune poète allemand, Professeur adjoint pour l'étude de langue, de l'histoire et de la culture germanique [ Richard Exner ] le livre de Paul Celan : Mohn und Gedächtnis [paru fin 52] avec ses mots : « ce recueil est complètement inspiré par le Traumkraut (Limes Verlag Wiesbaden, 1951) de Goll ! Et la critique ne s'en aperçoit pas ?»

important, à traduire avec précision et signer la traduction ****

 

… Pas une seule fois Celan ne m'a dit : « Montre-moi ta traduction pour que nous les comparions ». Il ne lui venait pas, dans sa vanité démesurée, la pensée que je suis aussi un poète et peut-être plus proche du vocabulaire de mon mari et dévouée. C'est que cet "emprunt" est une spécialité de Celan, me confirmait il y a un mois un jeune poète de Vienne, Dr. Alfred Gong, qui vit maintenant à New-York et qui connût Celan en Roumanie de longues années, avec qui il fut longtemps en camp de concentration et plus tard à Vienne. Ses premières publications, de tout le recueil " Der Sand des Urnen "[ Le sable des Urnes ] que, plus tard Celan retirera sagement de nouveau sont - d'après la déclaration du Dr. Gong - laine refaite - des emprunts

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 187/188/189

 

7 décembre 1953, lettre de Claire Goll à Hans Holtusen

 

 1954

 

 1955

Francis Carmody à Claire Goll, avril 1955

 Francis J. Carmody

 Prof. Of French

 University of California

 Berkeley [avril ] [1]

Chère Claire,

[… ]

Je vous soupçonne de fraude, les variantes entre les poèmes inédits de JsT ne sont pas des fautes de tape ! S'il y a ratures ou changements de la main d'Yvan, il faut, je le maintiens avec conviction, les indiquer en note ; je vois encore que vous avez supprimé un quatrain dans un poème. J'établis pour commencer un index sur cartes 3 x 5.

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 712

 

Claire Goll à Francis Carmody, le 23 avril 1955

 

 New York, le 23 avril 1955

Cher Francis,

[… ]

Fraude ? Yvan m'a toujours demandé conseil avant de donner une version définitive de ses poèmes. Vous savez que la statue de Memnon chantait. Eh bien, avant de retoucher un poème, je consulte toujours le buste d'Yvan, placé sur la commode, et il me parle, m'inspire et m'autorise d'apporter les changements nécessaires aux strophes ou de retrancher une ligne plus ou moins bonne. Donc, je ne fais rien sans le consentement d'Yvan

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 713

 

 1956

Décès de Rebecca Kahn le 29 octobre

 

 1957

21 octobre 1957, lettre à Claire Goll d' Audiberti, à vérifier

 

 1958

 

1 novembre 1958 de Florent Fels à Claire Goll

 

21 novembre 1958 : Soirée donnée en hommage à Yvan Goll, à la Galerie Devèche, 19 rue Brey, Paris XVII, sous la présidence de Robert Kemp : Souvenir d'Yvan Goll, avec la participation de Edmée de la Rochefoucault, Alain Bosquet, Georges Cattani et Jules Romains [2]

 

 

Claire Goll : Lettre du 4 décembre 1958 à Florent Fels

 

 SOCIETE DES AMIS D 'YVAN GOLL

 Président: JULES ROMAINS, de l'Académie Française

SOCIETY OF FRIENDS OF YVAN GOLL

 Président: PADRAIC COLUM - New-York 

SECRETARIAT:  FRANCIS J. CARMODY, Professor of French University of California, Berkeley

  

 Paris le 4 déc. 58

 Mon cher Florent,

 

 Offensé ? Au contraire, ta lettre m'avait apporté une très grande joie. Mais n'as - tu pas vu que je ne suis qu'une loque humaine? Trois ans sans une journée de vacances! Sept jours de travail par semaine, car je ne pouvais pas me permettre un seul week-end ; il fallait taper dix heures par jours, puisque j'avais promis à Yvan de vivre pour son oeuvre. J'ai tenu ma promesse, son oeuvre vit, mais moi je me meurs. Il me reste peu de force, ce travail de secrétaire au service d'un mort m'ayant épuisée. Copier, et recopier les documents et les manuscrits, répondre aux demandes des cinq continents et tout cela sans aide, car mes moyens ne me permettent pas de prendre une secrétaire et le tarif des bureaux de copies est trop élevé.

 Comment veux - tu que je réponde aux lettres! Des paquets de lettres importantes - demandes de traductions, d'anthologies etc. - traînent partout : sur les tables, la cheminée, le bureau et le tapis! Tâche - donc de comprendre un silence, imposé par des circonstances extérieures et non par une négligence du coeur.. Celui - ci t'appartient, puisque tu étais l'ami d'Yvan.

Non, je n'ai pas connu Klee. Quand j'ai déjeuné chez Mme Klee, il était encore sous les drapeaux.

Mes poèmes, parus dans "Action" ne m'intéressent pas. Seuls ceux d'Yvan et surtout l'article qu'il a écrit sur Rilke, parce qu'il était à la base d'un diffèrent entre les deux poètes. Il me faut une copie de cet article et la date de sa parution. Et aussi les titres des poèmes allemands qu'il a traduits pour "Action". Fais les copier pour moi s.t.p.

La conférence sur Yvan, qui a eu lieu le 21 novembre, était très réussie. Robert Kemp a parlé de son théâtre et a dit, entre autre, que Ionesco et Beckett étaient basés sur lui. Jules Romains et Georges Cattaui l'ont comparé à Villon, Gérard de Nerval, Mallarmé etc. Et un jeune poète qui parlait au nom de la jeunesse sur son oeuvre allemande, le mettait au niveau de Hölderlin, Novalis, Nietzsche et Lorca. Seulement mon Yvan était trop loin pour entendre ces éloges, trop posthumes.

 Hélas, de son vivant personne n'avait le génie de reconnaître son génie.

Et cela, par mesquinerie confraternelle. Kemp l'a bien dit : "Yvan Goll a eu, chez nous, contre lui, d'être un poète bilingue ".

 Et maintenant, dans tous les essais sur lui figure le mot : "génie "

J'ai reçu hier la traduction de ses "Chansons Malaises" en espagnol, parue à Madrid en un très beau volume. Dans la préface on compare ces poèmes à ceux de Sapho, au Cantique des Cantiques et à St. Jean de la Croix.

 C'est une douloureuse satisfaction pour moi.

La semaine dernière est sorti notre livre, écrit en collaboration : Nouvelles petites Fleurs de Saint François d'Assise, avec trois dessins de Dali. Et Fernand Mourlot va éditer "Neila" (poèmes) avec 4 lithos de couleur de Miro.

 (Voici quelques nouvelles littéraires.)

Bien des compliments à Suzy, qui a la chance d'avoir "un homme à tiroirs", 

 et un baiser affectueux pour toi

  ta vieille amie

  Claire

l'oeuvre complète d'Yvan qui devait sortir 

en Allemagne l'année dernière, sort seulement 

en 1959 parce que je n'ai pu faire texter les traductions nécessaires

 

 1959

 

 1960

 

Paul Celan à Sperber du 30 juillet 1960 :

«…J'avais recherché les époux Goll vers la fin de l'automne 1949 afin de leur transmettre vos salutations. A cette occasion, je leur fis cadeau des épreuves de l'un des exemplaires de mon recueil "Der Sand aus des Urnen" paru à Vienne à l'édition A. Saxl en 1948. Goll fut très impressionné. Jusqu'à sa mort, en mars 1950, je lui ai souvent rendu visite ainsi qu'à sa femme, je leur lisais même à l'occasion certaines choses publiées uniquement dans des revues, ou bien, grande imprudence de ma part, des inédits. Je peux également vous dire, et ce n'est pas par vanité, que je ne suis pas pour rien dans le fait que Goll, qui n'avait plus écrit en allemand depuis des années, soit revenu à cette langue peu de temps avant sa mort. Il doit cela en partie à ma poésie et à ma rencontre, Goll m'a également demandé de traduire ses poèmes français ; je lui ai promis de le faire…Aussi longtemps que je traduisais, la veuve trouvait que tout était admirable; cependant d'autres intentions l'animaient, lesquelles, naïf et confiant comme j'étais, je ne soupçonnais pas.La veuve se mit en tête de publier l'œuvre posthume du défunt. En 1951 est paru le premier tome de cette "œuvre posthume" en allemand "Traumkraut" (Mauvaise herbe de rêve). Que l'auteur, mot qu'il conviendrait plutôt de mettre au féminin, de cette publication eût bien connu ma plaquette viennoise - dont les nombreuses coquilles m'avaient poussé à ne pas la diffuser - est évident. Ce premier volume de Goll, et cela a sa signification, n'eut aucun retentissement. En 1952 est paru mon recueil de poèmes "Mohn und Gedächtnis", lequel, comme vous le savez est une nouvelle édition de ma plaquette viennoise. Ce recueil-ci, fut, lui, apprécié. Alors, la veuve abusive est passée à l'attaque : avec l'aide de quelques "gangsters germanistes" des Etats-Unis, elle a répandu dans la presse, à la radio et dans des lettres envoyées à des particuliers, l'accusation calomnieuse que "Mohn und Gedächtnis" paru en 52 serait un plagiat de celui de Goll paru en 1951. Celan a été qualifié d'escroc, plagiaire et charlatan, comme je vous le dis, mon cher Alfred-Margul Sperber ! » [3]

 1961

 

lettre de Claire à Audiberti 10 avril 1961

 

 Cher Jacques,

 

IMEC Cote : DBT2. A1-04.03

 

lettre de Claire à Jean Painlevé 27 mars 1961

 

Mon cher Jean,

 Ci-joint le programme de "Mathusalem", dont la première a eu lieu le 22 mars à Francfort-sur-Main.

 Vous trouverez, sur la deuxième page brune, un passage (coché au crayon rouge) vous concernant.

 La pièce a été reçue là-bas triomphalement. Tous les critiques de Francfort, reconnus comme les meilleurs et les plus sévères de l'Allemagne, ont écrit la même chose : "grandiose anticipation de Ionesco"…"ainsi le théâtre de Ionesco et de Beckett vient de Goll" … "Chef d'œuvre" etc.

 D'autres théâtres viennent de s'assurer la pièce. Après ce succès, elle reviendra certainement à Paris.

 Les metteurs en scène se sont lamentés au sujet de la perte de vos films, d'une qualité si géniale et artistique.

 Si seulement, vous pouviez mettre la main dessus pour qu'on puisse les montrer.

 

 J'aimerais beaucoup vous revoir. Ne pourriez-vous pas me donner un coup de fil (Babylone 42 41) ?

 Toujours amicalement vôtre

 

 Claire Goll

 

 Claire Goll

 

 1962

 

 1963

 

lettre de Claire à Audiberti 26 novembre 1963

 

 Cher Jacques,

 

IMEC Cote : DBT2. A1-04.03

 

 

lettre d'Audiberti à Claire 21 décembre 1963

 

  Chère Claire,

avec enchantement j'ai lu le Ciel volé

Je ne savais pas que tu écrivais des choses aussi charmantes !

Je viendrai, si tu veux bien, recopier mes poèmes

 Bien amicalement

 Jacques

 

SDdV Aa59 ? (247)

 1964

pneumatique de Claire à Audiberti 17 novembre 1964

 Cher Jacques,

 

IMEC Cote : DBT2. A1-04.03

lettre d'Audiberti à Claire 17 novembre 1964

 

 Chère Claire,

SDdV Aa60 ? (252) - 510.299 III

 

 1965

 

lettre de Jean Painlevé à Claire Goll 27 février 1965

 

  1966

 

 Lettre de Florent Fels à Claire Goll : 25 février 1966

  Hôtel Hermitage, Monte-Carlo

 

 Ma chère amie, je serai à Paris

 du 15 au 30 mars et j'aimerais beaucoup

 te rencontrer. Veux-tu me donner

 ton adresse et numéro de téléphone en

 envoyant ton courrier :

 Florent FELS

 Hôtel de Calais

 5, rue des Capucines . Paris

 

 en mettant sur l'enveloppe : NE PAS

 FAIRE SUIVRE

 

 à bientôt le plaisir de te voir

 Florent

 25. 2. 65

 

 Lettre de Florent Fels à Claire Goll : 2 avril 1966

 

  Fels. 52 Bd Jardin Exotique

 Monaco

 

 Chère Claire,

Que parles-tu de " grand voyage sans retour " !

Quelle littérature !

Tu vois bien que tu peux servir et vivre, puisque

te voilà servant encore le grand cher Yvan.

Je crois t'avoir dit que les Allemands - je ne dis

pas les nazis - sont passés chez moi dès septembre

40, enlevant mes Chagall, Vlaminck, Utrillo,

et tous mes livres . Je ne possède donc plus d'

ACTION ? où non seulement il y avait des oeuvres

d'Yvan Goll, mais des inédits de l'ami Malraux.

 Demande-lui, peut-être en a-t-il encore et

il a la puissance d'en faire rechercher et retrouver.

 Ta carte m'est parvenue ici. Je serai à

Paris fin mai, te verrai. Je t'embrasse

 Florent

 2.4.66

 

 1967

 1968

 1969

 

 1970

 

Lettre de Claire Goll: 26 juillet 1970 à l’éditeur Jean Petithory

 

 CLAIRE GOLL

 47 RUE VANEAU

  PARIS VII

 

 Le 26. VII.70

 

 

 Mes chers Chantal et Jean,

 

 Je suis ravie de vous savoir au soleil, “ les

 mains libres “. Seulement il ne faudrait pas que Jean s'expose

 aux rayons ultra - violettes, mais cherche l'ombre.

 Je suis seule et triste ici et j'ai la nostalgie

 du Midi que je n'ai pas vu depuis de longues années.

  Aussi, ai - je pensé à ta charmante proposition,

  Jean, de m'emmener là - bas au moment de ton retour

 avec Man.

  Nager, nager, quel rêve! La vieille sirène

  ne vous dérangerait pas, elle sera toujours cachée

 dans le pli des vagues ou de son lit pour écrire, 

    Et pour faire plaisir à Jean, je lui laisserai un

 Miro de 3 2 5.0 0 0 à 1 5 0. 0 0 0 F (anciens).

 Seulement, si vous voulez bien de moi, il

  faut me prévenir huit jours d'avance ou dés

 maintenant fixer une date. Car j'ai des rendez -

 vous à annuler que j'ai pris avec des étudiants qui

 font leurs thèses, soit sur Yvan, soit sur moi.

  Je vous embrasse affectueusement, ainsi que Man (Man Ray)

 et Juliette.

  Votre

    Claire

 

 1971

 

 1972

 

 1973

 

 1974

 

 1975

 

 1976

 

 

 1977

 

30 Mai 1977 : décès de Claire Goll

« Par testament, Claire Goll, décédée le 30 mai 1977, a fait de l'ensemble des manuscrits, des livres imprimés, des oeuvres d'art et des objets divers contenus dans son double appartement au 47 rue Vaneau à Paris, deux parts :

n l'une avec les manuscrits et les imprimés en langues allemande et anglaise, plus un choix de peintures, gravures et photographies, était destinée au musée Schiller à Marbach (Allemagne) où elle devait prendre place au sein des archives littéraires allemandes que cette institution a mission de conserver et de communiquer. Cette dévolution représentait la contrepartie de la pension viagère que depuis 1971, la République fédérale d'Allemagne lui versait mensuellement. Le Musée Schiller, à Marbach, est chargé de recueillir et de conserver les archives littéraires allemandes. Il possède les papiers et les livres de plus de trois cents écrivains qui se sont fait un nom dans la littérature. Il souhaita faire entrer dans ses collections les manuscrits et les oeuvres d'Yvan et Claire Goll.   

n l'autre, avec les manuscrits, les imprimés en langue française, la bibliothèque, la majeure partie des oeuvres d'art, le mobilier et les objets personnels ayant appartenu à Yvan et à Claire, revenait à la ville de Saint-Dié des Vosges. 

(Albert Ronsin, Conservateur honoraire de la Bibliothèque de S.D.d.V., Président des Amis de la Fondation Yvan et Claire Goll)

 

Claire Goll décédait le 30 mai 1977, après avoir traduit, fait éditer ou rééditer dans une douzaine de langues (allemand, anglais,  français, espagnol,  italien,  japonais,  bengali) une grande partie de l'oeuvre d'Yvan, inconnue du "grand public ", en raison de la rareté et du prix des Editions de luxe illustrées.

Claire avait été, comme elle le souhaitait, la parfaite secrétaire d'un mort. C'est elle qui a réussi à lui redonner vie. Dans un exemplaire de Traumkraut Claire Goll a écrit de son habituelle encre rouge Claire sur la page de garde et Claire Goll sur la page de titre.

Un Edelweiss se trouvait dans cet exemplaire ; il ne peut s’agir que de celui dont il question dans "Meiner Seele Töne", lettre de Claire (en cure à Challes-les-Eaux) datée du jeudi 19 août 1948 p.283 : 

 "mais tout cela n’est finalement qu’une question de patience … cette plante de la solitude et de l’altitude t’en enseignera peut-être un peu. Elle s’est patiemment adaptée à la glace et au soleil le plus ardent. Son petit pelage est aussi doux que celui d’un animal. Cet edelweiss vient de la chaîne des glaciers de Belledone.… "

 

dans sa note 1 p.408 Barbara Glauert dit que cet edelweiss n’était pas joint à la lettre originale; et pour cause en avril 1972, Claire donnait à la ville de Saint-Dié "…une croix de Lorraine et flamme "Honneur et Patrie "en métal argenté des Français Libres ayant appartenu à Yvan Goll à New-York, un edelweiss cueilli pour Claire dans les montagnes du Tyrol en 1949. "

Albert Ronsin - Le legs Yvan et Claire Goll à Saint-Dié —Regards n° 102, Avril 1980)

 

  Conclusion

 

 

Comme dans un rêve j’entrai un matin de la première semaine de Septembre 2000 dans les Archives Militaires Nationales Russes situées dans une rue latérale de la tristement célèbre Chaussée de Leningrad à la périphérie de Moscou. Il me fallut surmonter ma peur devant les jeunes soldats, fusils aux pieds, portant des vestes pare-balles, qui contrôlèrent mon passeport avant que je ne puisse entrer dans la salle de lecture. En tout cas, les jeunes soldats me garantissaient l’une des places de travail la plus sûre au monde. Une fois dans la maison, je pouvais bouger librement sans d’autres contrôles. Je pouvais consulter l’ensemble des trente-sept classeurs - ouverts et remplis par Yvan et Claire Goll eux-mêmes dans les années 1919 à 1939, papiers jaunis, encre délavée -. Trente-sept classeurs, en cinq jours, du lundi au vendredi. Poèmes, lettres, relevés de compte. Je lisais, lisais et notais, cataloguais à nouveau et quelquefois j’avais le sentiment que la porte de la salle de lecture des Archives Militaires à Moscou allait s’ouvrir et que Claire Goll entrerait pour m’exhorter : « Vous pourriez travailler encore un petit peu », comme elle l’avait souvent fait dans ses archives parisiennes après 21 heures. Ou elle m’apporterait des gants blancs pour le travail sur les originaux des lettres. Quand je quittais les archives tard dans l’après-midi, je ne savais pas qui était plus fatigué, les soldats de garde dormant sur leurs fusils dressés qui ne pensaient plus à me contrôler, ou moi-même. Je savais : Claire travaillerait des nuits entières pour récupérer ses trésors.

 

Un soutien précieux et important pour remplir les questionnaires, pour traduire et pour faire l’interprète me fut prodigué par Madame Elena Tchesnokova, collaboratrice du Département des Acquisitions à la Bibliothèque de Littérature Etrangère à Moscou. Pendant mon séjour, trois autres chercheurs allemands travaillaient dans la même salle de lecture. On me dit que je pouvais consulter dix classeurs par jour. Cependant, dès le deuxième jour, les vingt-sept classeurs restants furent mis à ma disposition. A l’intérieur de l’ensemble des dossiers Goll, il existe un sommaire en langue russe qui répertorie - cependant de façon incomplète - les oeuvres des Goll contenues dans chaque dossier. Les premières traces de traitement et de mise en ordre des fonds Goll - en langue russe - datent de l’année 1949. Jusqu’en 1960, les fonds étaient stockés au Ministère National de l’Intérieur à Moscou avant d’être transférés aux « Archives Spéciales ». En 1962 seulement, les documents ont été classés sous la forme actuelle. Contrairement à l’information initiale selon laquelle les textes des Goll étaient contenus dans trente-sept classeurs d’une centaine de feuillets chacun, les différents classeurs avaient des volumes variables, allant jusqu’à 744 feuillets. Vu globalement, il y a plus de volume de textes de l’oeuvre de Claire Goll que de celui d’Yvan Goll. Il s’agit pour la plupart de tapuscrits allemands ou français avec un grand nombre de corrections et d’ajouts manuscrits des deux auteurs (aussi dans les textes du conjoint réciproque). D’Yvan Goll et de Claire Goll j’ai trouvé de chacun un roman non publié ainsi qu’un nombre peu important de lettres (Paula Ludwig, Georg Kaiser, Henri Barbusse, Lion Feuchtwanger) adressées à Yvan et à Claire Goll. Par ailleurs, j’ai trouvé plusieurs tapuscrits de textes qui avaient été publiés avant 1939 (l’année où les Goll ont fui la France). De l’oeuvre de Claire Goll, Charlie Chaplin intime, publiée en 1935, j’ai trouvé une adaptation allemande faite par Claire Goll. Un classeur contient des publications feuilletonistes de Claire Golls dans des quotidiens et hebdomadaires allemands des années 20 et 30, un autre des correspondances de Claire Goll avec des maisons d’édition, des rédactions de journaux et des agents littéraires ainsi que des contrats d’édition de ses oeuvres. Deux classeurs renferment des relevés de compte des Goll de diverses banques (Deutsche Bank, Dresdner Bank, Schweizerischer Bankverein Genève et Zurich) de la période entre 1919 et 1939.

 

Un matin, un historien de Berlin présent, lui aussi, dans la salle de lecture des « Archives Spéciales » me conseilla de rechercher également dans le fichier nominatif des Archives Nationales Russes pour la Littérature et les Arts qui se trouve dans le même bâtiment, mais n’a rien à voir avec le butin de guerre. J’en parlai à Madame Tchesnokova, et elle réussit effectivement le lendemain à consulter ce fichier. Elle trouva que ces archives contenaient également des textes d’Yvan Goll et apporta une invitation de la directrice de ces archives me demandant de venir la voir et de lui faire part de mes souhaits. Peu de temps après, je pus consulter le matériel dans la salle de lecture des Archives Nationales pour la Littérature et les Arts. Le texte le plus important que j’aie pu trouver était le tapuscrit du roman Lacrasse d’Yvan Goll (en français, environ 200 pages). Goll avait personnellement envoyé cette oeuvre en 1926 aux éditions moscovites « Land und Fabrik » (« Semlja i fabrika ») pour leur en proposer la publication. Cette maison d’édition a été fondée à Moscou en 1922, dissoute vers 1930, mais existe à nouveau aujourd’hui sous une nouvelle forme. A l’époque, Maxime Gorki, Konstantin Fedin, Anatole Lunatscharski et Ilja Ehrenburg faisaient partie de ses auteurs. Elle publia aussi des traductions russes de Gustave Flaubert, Anatole France et d’autres auteurs français. Jusque-là, je ne connaissais pas de roman intitulé Lacrasse de Goll, mais je supposais qu’il pourrait s’agir d’une version modifiée d’un roman déjà publié en France puisque Goll avait l’habitude de réécrire des oeuvres déjà éditées et de les publier sous un autre titre. 

 

Comme la directrice adjointe des archives m’informa, le tapuscrit du roman Lacrasse de Goll est devenu entre temps propriété de l’état russe puisque Goll l’avait librement mis à la disposition de la maison d’édition de Moscou (contrairement au butin de guerre dans les « Archives Spéciales ») et que de ce fait, le prix des copies était fixé par les archives elles-mêmes. Compte tenu du prix élevé annoncé de 20 US $ la page, je demandai de ne faire copier que quatre pages de texte (plus la page de couverture). Cela me permettrait de vérifier le texte à mon retour. On me proposa ensuite de me faire copier encore trois textes de lettres (5 pages) importantes pour moi (correspondance de Goll avec la rédaction de la revue moscovite Das Wort qui publia en 1938 sa cantate Tscheljuskin dont le texte original a aujourd’hui disparu, une lettre de Lion Feuchtwanger adressée à Goll le 9 Juillet 1937, une carte postale de Goll à Alfred Kurella, rédacteur en chef de la revue Das Wort éditée à Moscou, datée du 20 Octobre 1937, et une lettre de réponse de la rédaction de Wort adressée à Goll le 22 Novembre 1937 depuis Moscou). Après mon retour en Allemagne, je pus constater à l’aide des pages de textes copiées que le tapuscrit de Moscou est, en effet, une autre version française du roman Le Microbe de l’Or où le personnage principal ne s’appelle plus Monsieur Tric, mais Monsieur Lacrasse. Le Microbe de l’Or a été publié pour la première fois en 1927 aux Editions Emile-Paul Frères, Paris. La traduction allemande faite par Georg Goyert a été publiée en 1960 dans le recueil Dichtungen par Luchterhand Verlag, Neuwied. Actuellement, les négociations entre le Wallstein Verlag, Göttingen, qui éditera les oeuvres complètes d’Yvan et de Claire Goll en Allemagne, et les Archives Nationales pour la Littérature et les Arts à Moscou se poursuivent. Ces archives renferment également la traduction russe de son drame Methusalem oder Der ewige Bürger par Dimitri Vygodski, une lettre de Goll adressée à celui-ci le 5 Juillet 1924, un virement d’honoraires à Goll pour la publication de sa cantate Tscheljuskin dans la revue Das Wort, une traduction russe de ses poèmes « Karawane der Sehnsucht » et « Mondschein ». Il est possible que d’autres textes d’Yvan et de Claire Goll (ainsi que des documents provenant de leur bibliothèque parisienne) se trouvent encore à la Bibliothèque Nationale pour la Littérature Etrangère ainsi qu’à la Bibliothèque Nationale Russe (anciennement Bibliothèque de Lénine). Des renseignements complémentaires pourraient être obtenus par la consultation détaillée des 76 dossiers se trouvant également aux « Archives Spéciales » et concernant l’activité de la mission Reichsleiter Rosenberg (fonds N° 1401) puisqu’on y trouverait probablement des indications sur l’endroit précis où les documents provenant de l’appartement parisien des Goll avaient été conservés à l’intérieur du Grand Reich de l’époque. Les archives moscovites contiennent donc : 34 classeurs avec des textes des Goll = 4.251 feuillets au total (excepté les deux classeurs contenant des relevés de compte, des correspondances avec les banques ainsi que le classeur contenant des coupures de journaux des articles de Claire Goll). S’y rajoutent environ 200 pages du roman Lacrasse d’Yvan Goll. Textes au total : 4.451 feuillets dont en langue allemande : 2.996 feuillets, en langue française : 1.455 feuillets.

 

Au dernier jour de mon travail dans les Archives Spéciales, j’ai établi la liste des copies à faire des documents Goll trouvés dans ces archives. Les copies ont été faites au prix de 1 US $ la page dans le courant du mois d’Octobre 2000 et ont été acheminées par courrier spécial, par la voie de l’Ambassade Allemande à Moscou et du Ministère des Affaires Etrangères à Berlin, au Musée National de Schiller à Marbach en été 2001. J’avais réussi ce que personne n’aurait imaginé possible. 4.500 feuillets de propriété intellectuelle d’Yvan et de Claire Goll, dérobés à Paris en 1940, entreposés en Allemagne jusqu’en 1945, sauvés par la « Commission des Trophées » soviétique et conservés à Moscou depuis 1949, avaient repris le chemin de Moscou à Marbach sur le Neckar. En Juillet 2001, j’ai personnellement, et en présence de collaborateurs des Archives Littéraires Allemandes, ouvert et vérifié les deux colis. Toutes les copies des textes d’Yvan et de Claire Goll que j’avais commandées avaient été faites soigneusement. Ainsi, au bout de soixante ans, une partie des oeuvres des Goll dérobées à Paris ont retrouvé une patrie. Lors de leur publication future par le Wallstein Verlag, nous signalerons leur destinée particulière sous le nom d’ « Edition Moscovite ». Ce sera aux gouvernements d’Allemagne, de France et de Russie d’envisager le retour des trente-sept classeurs de textes originaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[1] Daté d'après la réponse de Claire Goll

[2] copier le texte

[3] idem (p. 159/160/161 ). Cette lettre à Sperber est parue dans « Neue Literatur » N° 7, 1975 p. 54-56

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Commentaires
A
Estimado Sr., me interesa mucho su trabajo, por el que le felicito sinceramente. He traducido al español gran parta de sus entradas y me gustaría publicarlas en mi blog. Querría saber si tiene ud. algún inconveniente. Gracias.<br /> <br /> <br /> <br /> M. Bertho, je suis vraiment intéresée par traduire ces textes de Claire et Ivan Goll.J´aimerai aussi les publier dans mon blog ou quelque autre sur Claire, ¿c´est possible? Je vous salue. J´ai aussi quelques tratuctions des articles du numero de EUROPE dans le número dedié a Yvan Goll. <br /> <br /> <br /> <br /> Ana Bande<br /> <br /> ambb@uvigo.es
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